Nouvelle rencontre... Que se passera-t-il?

Anko était assise par terre, sur l'herbe, adossée à un banc; elle adorait s'asseoir sur l'herbe et évitait autant que possible les bancs, elle se sentait toujours mal à l'aise dessus.
La prof tenait un crayon à la main, et dessinait, sur un grand cahier, quelqu'un... son corps laissait croire que c'était un homme, mais il n'avait pas de visage; oui, j'ai bien dit "pas de visage!" : Anko ne dessinait jamais les visages, sauf quand on lui demandait de faire un portrait d'une personne qui se trouvait en face d'elle.
Le petit livre des Hauts de Hurle-Vent se trouvait à côté d'elle, fermé.
La jeune femme fredonnait un air de Jacques Brel tandis que son visage, dont les traits inspiraient la douceur et la sagesse, regardait, tantôt le magnifique paysage verdoyant qui s'offrait à lui, tantôt la feuille blanche; mais ne changeait jamais de position.

Quelqu'un approcha et gâcha la bonne ambiance qui régnait autour d'Anko, cette dernière le sentit bien vite.

- Hmm...? Que faites vous ici? Dit le professeur en essayant de cacher son cahier.

Haochima marchait dans le parc. Il sentait le vent s'engouffrer dans ses cheveux blonds gris et découvrait son oeil de diamant. Il marchait, oubliant tout, même qui il était. Il n'était plus personne, il ne pensait plus à rien. Il faisait juste partit de paysage. Il s'arrêta un court instant pour l'observer, ce paysage... Il perçut alors une voix et regarda à terre. Son visage devint alors lugubre.

- Tiens donc... Vous...

Il grimaça.

- C'est mon jour de chance...dit-il avait une ironie facilement perceptible.

Il s'intéressa alors à la question et se mit à fixer un point dans l'horizon. Il parla presque avec douceur.

- J'aime me promener... On oublie tout... On oublie qui on est, d'où on vient, où l'on va...

Anko, qui évitait autant que possible Haochima, se trouvait là, avec LUI dans ce parc...

- J'aime me promener... On oublie tout... On oublie qui on est, d'où on vient, où l'on va...

- Behh... Venant de quelqu'un qui ne croit pas en grand chose... en l'amour... C't'un peu mal placé... 'fin bon, c'est qu'mon opinion, celle d'une prof qui, à vos yeux, n'est qu'une insolente qui ne va pas tarder à quitter ces lieux. Dit Anko avec un léger soupçon d'amertume et de dégoût.

En effet, la jeune demoiselle n'aimait pas qu'on la dérange quand cette dernière dessinait, on lui coupait son inspiration; car, à chaque dessin, Anko retrouvait une partie d'elle même... un souvenir lointain...

- Comme vous l'aurez constater, je ne suis pas de bonne humeur, et cette fois-ci, je ne serai pas aussi sympathique et gentil que l'autre fois. Ah! Et ne vous attendez pas à ce que je vous taquine ou que je vous colle, je n'ai nullement envie de faire ça. Ajouta-elle en fermant les yeux et en laissant son cœur guider ses paroles.

Haochima la regarda avec étonnement puis sourit, un sourire sans doute plus doux que les autres...

- N'ayez crainte je ne compte pas m'éterniser ici... Je passais juste...

Il n'avait pas besoin de cette femme et ses paroles ne l'avaient donc pas blessé. De toute façon il ne pouvait pas être plus calme qu'aujourd'hui. Il inspira une grande goulée d'air puis son regard tomba sur le carnet à dessin de la jeune femme.

- Je vois...murmura-t-il.

Son regard prit un air blessé et dur. Il dit d'une voix étrange.

- Magnifique endroit pour dessiner...

Sa voix mourut et il resta là, les bras ballant, regardant le paysage tristement.

- Magnifique endroit pour dessiner...

Anko regarda Haochima avec mépris et contrariété, elle lui lança méchamment.

- ça ne vous regarde pas!

Anko commençait avoir des larmes dans les yeux. Visiblement, la jeune prof était perturbée, allez savoir pourquoi.
Elle prit son cahier et l'enlaça tout en le collant sur sa poitrine.

- Vou... Vous voulez quoi, à la fin? Vous ne me le prendrez jamais, vous entendez? JAMAIS! Continua la prof dans son délire, en criant et en laissant des perles brillantes glisser sur ses joues pour finir sur les pauvre petite feuille blanche de son carnet.

Elle serra son carnet contre elle le plus possible et laissa sa tête tomber dessus... C'était comme si elle craignait qu'on ne le lui vole...

Certains élèves qui se trouvaient dans les alentours entendirent les cries d'Anko; bien vite, tout le monde se mit à les observer.
Anko ne bougea pas, elle commençait, cependant, à laisser s'échapper quelques gémissements...

Les paroles de Anko surprirent Haochma qui la regarda de nouveau avec une surprise non dissimulée. Ses yeux s'agrandirent et l'œil bleu sembla luire encore un peu plus.

- Non...murmura-t-il.

Deux images s'imposèrent à lui, l'une à la suite de l'autre. La première lui déchira le cœur, la seconde l'emplit de haine. Son visage redevint dur comme la pierre et il continua à observer la jeune femme avec un air sibyllin. Finalement il saisit la femme entre ses bras, la tenant autant que possible éloignée de son corps, comme ressentant un léger dégoût à l'idée de la porter. Il se dirigea vers l'infirmerie, lui ayant au préalable jeter un sort pour la faire se tenir tranquille et l déposa sur un des lits blancs. Il se tourna vers la jeune infirmière puis dit:

- Faites-en ce que vous voudrez... Ce n'est plus de mon ressort...

Puis il s'éloigna et regagna le parc. Il resta un long moment, observant le paysage, comme happé par un temps ancien. Une fine brise soulevait ses cheveux, laissant transparaître son œil bleu, plus dur que jamais pendant que le vert ne reflétait plus rien, ayant cessait d'être faible ou dur. Comme si Haochima avait quitté ce corps, y laissant le joyaux mais prenant soin d'emporter avec lui l'œil vert... Sans doute car ce voyage dans ses souvenirs les concernait tous les deux mais que l'autre en était banni...